Dmitry Baltermants. Red Square. Moscow. 1947. Collection of the Museum “Moscow House of Photography”
Dmitry Baltermants. Chaikovsky. Germany. 1945. Collection of the Museum “Moscow House of Photography”
Dmitry Baltermants. The grief. From the series “That's how it was...”. Kerch. January, 1942. Collection of the Museum “Moscow House of Photography”
Dmitry Baltermants. Night fight. 1942
Dmitry Baltermants. The funeral of Andrey Zhdanov. Moscow. September, 1948
Dmitry Baltermants. In Kindergarden. 1949
Dmitry Baltermants. In kindergarden. 1949
Dmitry Baltermants. Poet Sergey Mikhalkov with his son Nikita. Moscow. Early 1950s. Collection of the Museum “Moscow House of Photography”
Dmitry Baltermants. The workers of the factory “Dinamo” are listening to the message about the death of Iosif Stalin. March, 1953
Dmitry Baltermants. Maternity. 1950's
Dmitry Baltermants. The marshal Semen Budenny by the favorite portrait. 1950's
Dmitry Baltermants. Deaprture from German Democratic Repulic. 1955
Dmitry Baltermants. The ground of Vietnam. 1955
Dmitry Baltermants. Waiting. 1960's
Dmitry Baltermants. Winter evening. 1960's
Dmitry Baltermants. Untitled. The 1960s. Collection of the Museum “Moscow House of Photography”
Dmitry Baltermants. The main clocks of the state. 1964. Collection of the Museum “Moscow House of Photography”
Dmitry Baltermants. Gold of test 99,99. 1970. Collection of the Museum “Moscow House of Photography”
Dmitry Baltermants. Pipes for a gas main. 1971
Dmitry Baltermants. A meeting in tundra. From the “Meeting with Chukotka” series. 1972. Collection of the Museum “Moscow House of Photography”
Dmitry Baltermants. Not turning back (Two Iljichs). Moscow. October, 1972
Dmitry Baltermants. The funeral of Leonid Brezhnev. By the coffin: Jury Churbanov, Galina ana Victoria Brezhnevs. Moscow. November, 1982
Dmitry Baltermants. The first reception. Constantine Chernenko. 1984. From the “Six general Secretaries”. Moscow. Collection of the Museum “Moscow House of Photography”
exhibition is over
82 rue François Miron 75004 Paris
LA CROIX, 26.04.2005
En 1940, contrairement à toute attente, le capitaine Dmitri Baltermants, alors agé de 28 ans et pourtant promis à une brillante carrière de professeur de mathématiques à l’Académie militaire de Moscou, choisit d’entrer en photographie. Un an auparavant, les mouvements de troupes soviétiques pour le rattachement de l’Ukraine et de la Bielorussie occidentales à la Russie lui avaient offert son baptême du feu photographique. C’est ce premier reportage immédiatement remarque par les Izvestia, qui lui vaut de rejoindre l’équipe du journal pour lequel il va couvrir la défense de Moscou, les batailles de Crimée et de Stalingrad en tant que correspondant de guerre jusqu’en 1943. C’est ensuite pour le magazine de l’armée Na razgrom vraga (Ecrasons l’ennemi) qu’il suivra les opérations militaires en Pologne, puis en Allemagne.
Clichés saisis au ras des bottes de combattants sautant une tranchée, flous des capotes de soldats lancés à l’assaut de l’ennemi..., des ses premières images Baltermants témoigne de son intelligence à intégrer les contraintes du réalisme socialiste imposées par le régime, sans rien abdiquer de sa subjectivité, ni de ses propres préoccupations esthétiques forgées par sa connaissance des avant-gardes constructivistes de l’entre-deux-guerres. Prises au coeur de l’action et exaltant la gloire des combattants, ses images de guerre montrent son engagement physique sur le terrain, tout comme leur lyrisme exacerbe témoigne de ses préoccupations humanistes face au conflit. Baltermants produit ainsi des clichés puissants sur la photogénique cruauté de la guerre, comparables a ceux réalisés à la même époque par le grand Robert Capa. Dans sa très émouvante série «Ce fut ainsi...», il montre la Douleur de femmes découvrant les cadavres gelés de civils qui jonchent les champs en Janvier 1942à Kertch, en Crimée; n’hésitant pas à incruster un ciel plombe au-dessus de leurs têtes pour mieux traduire le tragique de la situation.
(...) Plus surprenante, plus gratuite aussi, il convient de s’arrêter sur une ravissante série d’images en couleur dont la légèreté semble échapper au photographe lui-même, à ses tentations lyriques ainsi qu’à toute raison de propagande. Dans une sorte d’entre-deux du temps, ces clichés aux couleurs surannées pris au hasard des rues de Moscou en 1960 (passants arrêtés devant des bouquinistes, femmes élégantes ou vendeuses de magasins profitant d’un rayon de soleil, enfants jouant autour d’une fontaine...) ne sont pas sans rappeler la poésie des images prises par l’Américain Garry Winogrand dans les rues de New York à la même époque.
«Baltermants était un homme intelligent et philosophe qui n’a jamais été tenté ni impressionné par le pouvoir, explique Olga Sviblova, directrice de la Maison de la Photographie de Moscou, et commissaire d’exposition. Même s’il fut l’un des plus grands créateurs du mythe soviétique, il a toujours su maintenir une distance entre son regard et la réalité. Il se situait en quelque sorte dans une double optique: intégrant les contraintes du présent, il regardait toujours vers le futur, persuadé que les choses s’arrangeraient un jour.»
Armelle Canitrot
LE PHOTOGRAPHE, № 1628
La rétrospective exposée à la Maison Européenne de la Photographie donne la mesure d’une њuvre marquée par l’histoire et les forces de l’imagerie populaire. Quinze ans après la chute du régime soviétique, les demi-teintes de Fauteur émergent des contrastes de la propagande.
Reconnu dans les années 1970 comme le «Capa soviétique» par un journaliste français en mal de formule, Dmitri Baltermants partage avec sa référence américaine d’être représenté par une image de combat qui occulte une њuvre pourtant prolifique. Presque aussi célèbre que le
(...) Le choix d’Olga Sviblova, directrice de la Maison de la Photographie de Moscou et commissaire de l’exposition de la Maison Européenne de la Photographie, donne un éclairage neuf sur la carrière de Baltermants au cours façonné par l’histoire de la Russie soviétique. Deux grandes sections se détachent de l’ensemble, dans lesquelles Baltermants parvient à exprimer le meilleur de son talent. La période d’une iconographie édifiante sur le progrès industriel, l’épanouissement scientifique et l’adhésion sociale sur le ton objectif du reportage. Ses images largement publiées lui valent de devenir en 1949 photographe officiel du Kremlin, titre qui lui permet d’intégrer le premier cercle des familiers de Joseph Staline. C’est en couleurs que Baltermants signera en 1953 la dépouille mortelle du «Petit père des peuples» allongé dans une apothéose de fleurs.
La condamnation, dès 1956, des crimes staliniens par Krouchtchev ne change rien au statut privilégié de Baltermants qui profite de l’ouverture du nouveau régime pour étendre sa mission de photographe à l’extérieur de l’Union soviétique, notamment en Asie. L’ère plus rigide de Brejnev le maintient au sein d’Ogonyok. Baltermants est en pleine maturité, la nouvelle direction de la revue lui confie les grands sujets nationaux dont il continue la guerre avec le dialogue du glorieux et du tragique et la décennie des années 1950 où le photographe officiel donne libre cours à des compositions originales, servies le visage moderne de l’URSS ou inspirées par les voyages. Quelques photographies couleurs assez peu convaincantes ne parviennent pas à altérer la qualité d’une production qui se maintient jusqu’aux dernières années de la vie de Baltermants, quand les années Gorbatchev libèrent un style rajeuni où la spontanéité défie les protocoles sans laisser deviner la fin prochaine d’un pan d’Histoire.
Hervé Le Goff
LE FIGARO,
Etrange destinée que celle du photographe Dmitri Baltermants, surnommé " l’Œil de la nation " pour avoir travaillé sa vie durant à forger le fier idéal soviétique chez ses concitoyens. Et plutôt célébré à l’Ouest pour ses photos de mort et de désolation prises pendant la Seconde Guerre mondiale. L’exposition présentée actuellement à la Maison Européenne de la Photographie à Paris offre une rétrospective du travail de cet artiste décédé en 1990 à l’heure de la perestroïka.
Pendant près d’un demi-siècle, les photos de Baltermants furent parmi les seules à être montrées aux habitants de l’Union soviétique. Photographe officiel du Kremlin, engagé par le journal de propagande Ogonyok (diffusé à 15 millions d’exemplaires), l’homme arpenta les différentes Républiques de l’Union pour en ramener une moisson d’images : les ouvriers au travail, les cadres œuvrant pour la grandeur de l’Empire, les usines tournant à plein régime, les chemins de fer en construction, le peuple réuni pour les grand-messes communistes.
Olga Sviblova, commissaire de l’exposition et directrice de la Maison de la Photographie de Moscou, rappelle que pendant longtemps ses images furent parmi les seules à être affichées sur les murs pour égayer les tristes appartements communautaires. " Tout le monde dormait sous une photo de Baltermants, — explique le commissaire. — A une époque où les photographes n’étaient absolument pas considérés, il était le seul à être reconnu. Non seulement il travaillait beaucoup mais il était publié, il était exposé et il avait même la possibilité de voyager à l’étranger. "
Sa carrière, pourtant, faillit mal tourner, en 1943, une coquille dans une légende lui vaut le bataillon disciplinaire, où il est grièvement blessé. Opiniâtre, il revient à la photo dès 1944 pour couvrir l’avancée de l’Armée rouge vers l’ouest. Finalement, la machine de propagande soviétique intègre ce rouage doué qui semble docile.
(...) " En même temps, les photos qu’il choisit de montrer dans les expositions sont toujours symboliques, — explique Olga Sviblova. — Celle de Staline qui revient le plus est celle où on le voit alongé dans son cercueil. Tchernenko seul dans la salle d’un banquet, signe fin d’une époque. Il aime la métaphore. " Certains portraits, notamment ceux d’un Khrouchtchev jovial bon vivant, étonnent par leur vivacité. La plupart ne furent pas publiés par journal. Docile mais pas dupe, l’homme réussit ainsi la prouesse de demeurer l’œil fidèle de la Nation pour les étrangers qui purent voir si photos dès les années 60, un témoin respectable.
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